Situé dans la région de la Basilicate, dans le sud de l’Italie, le village de Craco est un lieu hors du temps, qui semble figé dans le passé. Fondé au VIIIe siècle, ce village perché sur un éperon rocheux a connu une histoire mouvementée, marquée par des guerres, des épidémies, des famines et des catastrophes naturelles. Au début des années 1970, il a été complètement abandonné par ses habitants, qui ont dû fuir les glissements de terrain qui menaçaient leurs maisons. Depuis, il est resté intact, avec ses ruelles pavées, ses églises, ses palais et ses ruines. Il est devenu un lieu de visite et de tournage pour les amateurs d’histoire et de mystère.
Un village fortifié au passé glorieux
Le village de Craco tire son nom du grec « Grakos », qui signifie « petit champ labouré ». Il a été fondé au VIIIe siècle par les Grecs qui fuyaient les invasions arabes. Il a été ensuite conquis par les Normands, qui ont construit une forteresse et une tour sur le sommet du rocher. Au Moyen Âge, Craco était un centre stratégique et militaire, qui contrôlait les routes commerciales entre la côte ionienne et l’intérieur des terres. Il a été le siège de plusieurs seigneuries féodales, qui ont enrichi le village avec des palais et des églises. Au XVe siècle, il comptait quatre palais nobiliaires : le palais Maronna, le palais Grossi, le palais Carbone et le palais Simonetti. Il abritait aussi la chiesa madre San Nicola, l’église principale du village, qui date du XIVe siècle et qui conserve des œuvres d’art et des reliques religieuses, dont le corps momifié du saint patron San Vincenzo.
Un village abandonné à cause des catastrophes naturelles
Au cours des siècles suivants, le village de Craco a connu un déclin progressif, dû à plusieurs facteurs : les guerres, les épidémies, les famines, l’émigration et surtout les catastrophes naturelles. En effet, le village est situé sur une zone géologique instable, sujette aux tremblements de terre et aux glissements de terrain. Le sol est composé de calcaire et d’argile, qui se fissurent sous l’effet de l’eau et du vent. En 1891, un premier glissement de terrain a endommagé une partie du village. En 1905, un tremblement de terre a provoqué d’autres dégâts. En 1922, une inondation a emporté une partie des cultures. En 1963, un nouveau glissement de terrain a rendu le village inhabitable. Les autorités ont alors décidé d’évacuer les habitants vers une nouvelle localité appelée Craco Peschiera, située dans la vallée. En 1972, un autre tremblement de terre a aggravé la situation. En 1980, une dernière secousse tellurique a achevé de détruire le village.
Un village fantôme qui attire les visiteurs et les cinéastes
Depuis son abandon, le village de Craco est resté tel qu’il était au moment du départ des habitants. Il offre un spectacle saisissant, avec ses maisons vides, ses rues désertes et ses monuments en ruine. Il est entouré par un paysage aride et spectaculaire, fait de calanchi : des formations géologiques en forme de pyramides ou de lames de couteau, créées par l’érosion du sol. Le village de Craco est classé comme site historique et culturel par la région Basilicate. Il est protégé par l’ONG World Monuments Fund, qui œuvre pour sa conservation et sa valorisation. Il est ouvert à la visite guidée sur réservation
Il attire chaque année des milliers de touristes curieux et fascinés par son histoire et son atmosphère.
Il attire aussi des cinéastes du monde entier, qui ont choisi ce décor unique pour tourner des films célèbres, comme « La Lupa » de Alberto Lattuada, « Cristo si è fermato a Eboli » de Francesco Rosi, « King David » de Bruce Beresford, « La Passion du Christ » de Mel Gibson ou encore « Quantum of Solace » de Marc Forster.
Le village de Craco est donc un lieu exceptionnel, qui témoigne du passé glorieux et du destin tragique d’une communauté qui a dû abandonner son foyer. Il est aussi un lieu de mémoire et de beauté, qui invite à la découverte et à la réflexion. Il est enfin un lieu de rêve et de mystère, qui inspire les artistes et les voyageurs.